Tierno Monénembo – Le terroriste noir – Seuil

« J’avais rêvé que quelque chose se produirait avant la fin des vacances: quelque chose de merveilleux, quelque chose de réconfortant, quelque chose de lumineux et de nouveau, quelque chose qui viendrait comme un signe du ciel me dire qu’il était temps de rentrer à Paris: le miracle d’une amnistie, la chance d’une petite évasion…

Non, rien sur terre, rien que les ténèbres et la guigne! Là-haut, le bon dieu avait sans doute coupé la lumière et le son… »

Un roman très réussi de l’écrivain Tierno Monénembo qui revient sur une épisode encore peu connu de l’histoire de la seconde guerre mondiale, la  chasse  organisée par l’occupant allemand et par ses alliés français contre les soldats venues de colonies, ces tirailleurs sénégalais venus de tout l’Empire se battre pour sauver une patrie rien moins qu’exemplaire. Cette histoire passée en profit et perte de la mémoire collective, comme celle de ceux venus se battre en 1870 et en 1914 et venus surtout mourir pour défendre une république et ses valeurs dont ils furent les tragiques victimes.

Tierno Monénembo nous emmène à la suite de sa désormais vieille naratrice sur les traces ténues d’un soldat de l’armée des ombres, un de ces tirailleurs évadé par miracle et perdu dans les froides et peu accueillantes forêt des Vosges. Un de ces garçons echappé par miracle des mains des soldats allemands particulièrement remontés contre ces soldats noirs accusés de tous les maux et de tous les vices et qui tomba par miracle sur un jeune garçon courageux qui refusa le silence lâche de son père. Addi Bâ, dont l’histoire rocambolesque commence dans un petit village de Guinée et sous l’égide d’un devin bambara. Il est confié à un collecteur d’impôt blanc de Langeais pour éviter la fin du monde. Et c’est ainsi qu’un jeune garçon se retrouve à treize ans du côté de Langeais pour y découvrir la métropole et ses grandes idées.

Lorsque la guerre éclate, le jeune homme devenu soldat, adjudant de l’armée française se retrouve pris dans la terrible débâcle de la guerre éclair. Les soldats abandonnés par une hiérarchie imbécile, recevant ordre et contre-ordre finissent par être pris et emprisonnés pour les plus chanceux. Mais les soldats noirs concentrent non seulement le mépris de beaucoup de blancs de leur camp, mais aussi la haine des soldats allemands. Etre pris est une condamnation à mort, donc il faut fuit. C’est ce que parvient à faire Addi Bâ. Mais fuir pour affronter les rudesses du climat des Vosges. Et par miracle rencontrer l’étrange et improbable courage qui ici ou là surgissait partout où on ne l’attendait pas.

Mais pour qu’il y ait courage, il faut de la lâcheté, du mépris et de la peur. Et malgré la création d’un étrange maquis, à cause de cette création peut être, de ces maquis de fortune monté par le courage des uns, appuyés sur l’inconscience des autres et toujours tributaires d’un mouvement d’humeur, le destin d’Addi Bâ est scellé.

Une histoire ordinaire, dont personne n’aurait sans doute entendu parlé, mais l’acharnement d’une étrange petite fille, devenue une adolescente turbulente et fort en gueule.  La Pinéguette va empécher de toute son énergie le village d’oublier et de retomber dans sa torpeur millénaire. Criant, hurlant, menaçant elle finit par faire reconnaître sinon la paternité du héros au moins l’existence de ce héros et le devoir de mémoire du village envers lui. C’est cette étrange histoire aux zones d’ombre, aux lumières étranges et mouvantes que, soixante après, une jeune fille devenue vieille femme va conter à un neveu d’Addi Bâ, venu assister au retour de mémoire d’une communauté. Une histoire émouvante et cruelle et qu’il est plus que temps d’aborder comme nôtre.

Une réflexion sur “Tierno Monénembo – Le terroriste noir – Seuil

  1. Bonjour et merci de nous faire profiter de vos expériences par le biais de votre site! Internet c’est formidable c’est toujours intéressant de pouvoir apprendre des autres ce qu’ils ont découvert ! Pour notre part nous voudrions contribuer en signalant un livre qui nous a beaucoup touché « Les carnets d’Alexandra 1907-1908 » un livre qui malgré son ancienneté est terriblement actuel .Il réédité dans la collection « le livre de poche ». et es consacré à un sujet presque tabou les femmes qui aiment d’autres femmes. Sujet qui vous l’avez compris nous touche mon amie et moi particulièrement. Outre d’être un livre que nous pensons sans équivalent tant par son écriture que par sa puissance érotique il a été pour mon amie une véritable révélation car c’est suite à sa lecture qu’elle à cédé aux avance que je lui faisais depuis des années. Je résume la situation: mariée mère de deux enfants bien qu’elle fut toujours attirée par les femmes elle n’avait jamais osé comme on dit franchir le pas. Puis un jour elle tombe par hasard sur « les carnets d’alexandra » et en le lisant elle sent monter en elle un désir irrépressible de corps féminin. A l’époque j’avais moi même une amie que je voyais quelquefois et elle comme moi était entièrement déterminée pour les femmes mais c’était juste comme l’on dit un coup et rien d’autre. Pendant qu’elle lisait le livre m’a t- elle confié elle a senti monter en elle un désir irrépressible et a voulu venir me voir de suite. Alors comme mon amie était là nous avons fait les choses ensemble et à trois. Je passerais sur ce qui s’est passé entre nous sinon pour dire qu’enfin libérée elle était dans un état de presque frénésie. Sans doute parce qu’elle trouvait en elle un plaisir qu’elle se refusait depuis des années à cause de sa situation. Depuis nous nous sommes vues souvent en cachette puis peu à peu elle finit par accepter l’idée de vivre avec moi. Voilà pourquoi nous voulions vous parler de ce titre dont pour nous vous comprenez sans doute l’importance. Nous ne serions que conseiller à toutes de le lire. Voilà ce que nous voulions partager avec d’autres. A bientôt si vous voulez nous répondre . Bisous de partout Thérèse y Elisa

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