Superbe moment de cinéma offert par l’irréductible esprit russe. Une réflexion sur l’art, sur l’esprit européen, sur les arts multiples de la résistance et sur le nécessaire combat pour préserver le beau partout et toujours; En pleine crise isisienne, ce film rappelle avec infiniment plus de grâce que la superproduction hollywoodienne que sauver les œuvres d’art de la chienlit nazie fut souvent le fait de quelques serviteurs de l’Etat persuadés de la supériorité des œuvres sur la barbarie des temps.
Sokourov nous perd dans une Histoire où se mêlent sa propre voix, les inquiétudes du temps, la reconstitution de l’occupation dans un Louvre contemporain. On suit une Marianne extatique et un Napoléon pusillanime dans leurs divagations sur le rôle du Louvre. Palais royal, devenu palais de l’édification culturel des peuples, gardien des œuvres pillés par l’Empereur et ses successeurs et enfin écrin de la beauté diverse et universelle. On écoute les conversations entre Jaujard, directeur du Louvre, zélé serviteur de l’art et de Wolff-Metternich, militaire, nazi mais surtout amateur d’art et de culture, décidé à soutenir les efforts du haut fonctionnaire français pour préserver le Louvre des appétits des barbares du Reich.
Le réalisateur russe nous offre avec ce film une ode à la culture, à son universalisme, à la nécessaire préservation du beau partout et toujours. Il y a une sorte d’exhortation à nous rendre compte de la beauté de cet héritage culturel où le visage est offert au regard du spectateur. Une parabole de notre humanité, reconnaître le même dans l’autre, nous souvenir de nos ancêtres en regardant dans les yeux ceux que le Temps a dévoré.
Une fable magnifique, un élan du cœur et une ode passionnée. Un film à ne pas rater.
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