Un essai très éclairant et très complet sur le duché de Bourgogne qui de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire, fut tour à tour l’allié du pouvoir royal et son ennemi le plus farouche. Une vaste mosaïque de territoires étendues de le Frise au Mâconnais, unissant des populations diverses dans leurs traditions et leurs langages, sous l’autorité plus ou moins bien supportée d’une branche de la maison de Valois. Les quatre ducs qui se succèdent sur plus d’un siècle sauront mener une politique d’alliances, de mariages et de lignages particulièrement brillante dans un espace en pleine guerre civile. Malgré tout, ces hommes appartiennent à leur époque et ne parviendront donc pas à poser les bases d’un Etat, question qui d’ailleurs n’intéressera vraiment que le dernier duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui échouera lamentablement et verra sa fille cadette dépouillée de son héritage au profit de l' »universelle aragne », Louis XI, précurseur de la volonté unificatrice et centralisatrice du futur royaume de France.
Elodie Lecuppre-Desjardin analyse avec art et beaucoup de témoignages et chartes du temps, la réalité de ce grand duché, ses contradictions, ses forces, ses faiblesses, le désir des populations unies par le voeu des princes, l’émergence politique et militaire des pouvoirs bourgeois, véritables oppositions aux pouvoirs féodaux, alliés d’un moment, ennemis le jour suivant, en fonction de leurs seuls intérêts économiques.
Ce que nous rappelle l’historienne, et qui est salutaire dans ces heures sombres de nationalismes à courte vue, c’est que l’Histoire n’est jamais la bonne amie de la propagande d’où qu’elle vienne. L’Histoire appartient à son temps, ni plus ni moins, elle n’a aucune incarnation légitime dans le présent. Il faut rendre à César ce qui appartient à César et laisser l’Histoire aux historiens.
Dans la Marche de l’Histoire