Elodie Lecuppre-Desjardin – Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne – Belin

Lecuppre2016Un essai très éclairant et très complet sur le duché de Bourgogne qui de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire, fut tour à tour l’allié du pouvoir royal et son ennemi le plus farouche. Une vaste mosaïque de territoires étendues de le Frise au Mâconnais, unissant des populations diverses dans leurs traditions et leurs langages, sous l’autorité plus ou moins bien supportée d’une branche de la maison de Valois. Les quatre ducs qui se succèdent sur plus d’un siècle sauront mener une politique d’alliances, de mariages et de lignages particulièrement brillante dans un espace en pleine guerre civile. Malgré tout, ces hommes appartiennent à leur époque et ne parviendront donc pas à poser les bases d’un Etat, question qui d’ailleurs n’intéressera vraiment que le dernier duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui échouera lamentablement et verra sa fille cadette dépouillée de son héritage au profit de l' »universelle aragne », Louis XI, précurseur de la volonté unificatrice et centralisatrice du futur royaume de France.

Elodie Lecuppre-Desjardin analyse avec art et beaucoup de témoignages et chartes du temps, la réalité de ce grand duché, ses contradictions, ses forces, ses faiblesses, le désir des populations unies par le voeu des princes, l’émergence politique et militaire des pouvoirs bourgeois, véritables oppositions aux pouvoirs féodaux, alliés d’un moment, ennemis le jour suivant, en fonction de leurs seuls intérêts économiques.

Ce que nous rappelle l’historienne, et qui est salutaire dans ces heures sombres de nationalismes à courte vue, c’est que l’Histoire n’est jamais la bonne amie de la propagande d’où qu’elle vienne. L’Histoire appartient à son temps, ni plus ni moins, elle n’a aucune incarnation légitime dans le présent. Il faut rendre à César ce qui appartient à César et laisser l’Histoire aux historiens.

Dans la Marche de l’Histoire

Dalton Trumbo – Jay Roach

 

Cela faisait longtemps qu’Hollywood ne nous avait pas fait bouger les méninges. Ce rôle est dévolu désormais aux séries produites par les chaines câblées. Alors, on ne boude pas son plaisir et on se laisse séduire par cet Hollywood frondeur qui résista avec panache et malgré la terreur créée par la Commission des activités anti-américaines, aux pressions financières et idéologiques de l’Amérique de la guerre froide.

Et ne pensez pas que ce film nous parle d’un temps très lointain que les moins de vingt ans etc…., ce film nous rappelle que lorsqu’on nous enjoint à nous unir dans une guerre fumeuse contre un ennemi tout aussi fumeux, lorsqu’on rogne les libertés individuelles, qu’on nous explique que c’est pour notre bien, et que toutes pensées n’est pas bonnes à dire parce qu’elles font le jeu de l’ennemi fumeux qu’on a plus que vaguement défini dans le paragraphe précédent, alors il est temps d’entrer en dissidence. Surtout quand cette dissidence s’incarne avec humour et légèreté. Car, aujourd’hui comme hier, nous devons nous souvenir que l’humour est la politesse des princes, la seule chose qui fait vraiment de nous des êtres libres….

Brillant et nécessaire en ces temps de guerre contre le terrorisme, concept vague à souhait pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

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