Guillermo del Toro, Chuck Hogan – La Lignée – Pocket

 Après la longue période des vampires à sourire éclatant, tablettes de chocolat et problèmes existentiels, revoilà le méchant vilain vampire, pas beau du tout, pas humain du tout, et en aucun susceptible de le redevenir sous les flèches  de Cupidon. Le vampire qui fait peur, celui du fond des âges qui dévore tout sur son passage et ne change pas de régime alimentaire pour faire plaisir à sa belle. Pas beau, du tout et très, très mort. Guillermo del Toro et Chuck Hogan doivent avoir des filles adolescentes passionnément amoureuses de Rob Pattinson ou de Paul Wesley et dans un moment de rage paternelle, ils ont décidé de rendre aux vampires sa laideur d’antan. La lignée ouvre une trilogie où les morts se répandent dans les rues de New York aussi vite que les zombies de Turturo ou les soldats américains partout où ils peuvent foutre le bordel. Leur transformation est hideuse, leur manière de se nourrir est hideuse, leur forme finale est hideuse et ne parlons pas de leur maître et de leurs intentions. Enfin intentions c’est beaucoup dire, car finalement ils ne vivent que pour une chose se nourrir. Violent et gore, cela donnera des sueurs froides et des idées pour la soirée d’Halloween.

Un 777 se pose tranquillement sur l’aéroport Kennedy. Tout est normal. Enfin presque. L’avion s’est arrêté brutalement sur son parking, toutes lumières éteintes. Plus aucun son ne vient de l’intérieur. Craignant une prise en otage, puis une offensive chimique, la sécurité de l’aéroport fait appel à une division du CDC. Dans l’avion, tout le monde est mort. Aucune trace de lutte, d’inquiétude, de terreur, pas de traces de gaz toxiques, pas de traces de violence. Le mystère est total. Cependant malgré les premières constatations, on découvre quatre survivants. Mis immédiatement en quarantaine, ils semblent aller relativement bien malgré le traumatisme vécu, mais ils sont incapables d’apporter une explication quelconque au terrible phénomène qui s’est produit dans l’avion.

Le lendemain de ce drame, un phénomène astrologique somme toute assez rare plonge New York dans le noir absolu, une éclipse totale du soleil transforme le jour en nuit pendant plus de quatre minutes. Ces quelques milliers de secondes suffisent à introduire dans la cité le virus apporté d’Europe par un quelconque avion transatlantique. Les « survivants » qui ont échappé à leur quarantaine retournent chez eux où ils contaminent leurs proches. Pendant ce temps, les « morts » quittent la morgue et se répandent dans la ville pour se nourrir. En moins de 24h, les premiers vampires naissent et transforment à leur tour d’autres humains.

Pour lutter contre ce fléau, un vieillard, survivant des camps et possédant une remarquable connaissance du phénomène, deux scientifiques du CDC et un dératiseur. Quatre pauvres âmes pour arrêter le virus le plus dangereux et le plus sauvage jamais rencontré dans le nouveau monde.

Ce résumé pourrait être celui d’un scenario, un pitch. Et malheureusement c’est exactement ce qu’est ce livre, un scenar, dont la seule raison d’être est sans doute le film qu’on en tirera. Les deux cents premières pages sont d’un ennui mortel avec des longues, très longues descriptions d’un 777, des procédures d’atterrissage, des procédures de sécurité en cas d’incident, du fonctionnement de la tour, de celui d’un labo, des règles du CDC, puis d’une éclipse, alors franchement, si vos enfants travaillent sur les éclipses de soleil, faites une photocopie, tout y est! Les auteurs ne nous épargnent rien. Surtout pas les métaphores. Et puis, là, il y a du choix, la nuit, la virologie, le mal, le sang, la faim, une longue, longue succession de métaphores, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les métaphores. Les personnages sont tellement caricaturaux que c’en est gênant. Quand enfin, le roman démarre, au bout de 250 pages, on entre de plein pied dans une longue description de scènes dignes d’un film d’horreur. Sans vouloir être trop exigeant avec le genre, on espérait quand même autre chose qu’un assez conventionnel scénario pour série télé. Tout y est, même les indications scénaristiques, genre « ici moment d’émotion entre le père et le fils ». On ne s’improvise pas écrivain…même de roman d’épouvante.

Laisser un commentaire