Nancy Huston – Le club des miracles relatifs – Actes Sud

9782330060695Un joli roman sur l’enfance fragile, l’impossibilité d’être à ce monde, la destruction des rêves et la chute de l’homme dans un enfer chaque jour plus atroce. Nancy Huston a l’art de faire parler les plus fragiles, leurs colères, leurs désirs de violence, la rage qui dévore leurs coeur trop purs et les livre pieds et poings liés aux terribles Erinyes.

Varian est l’enfant de l’amour, l’enfant né tardivement dans un couple passionnément amoureux. C’est aussi un enfant plus fragile, plus sensible, plus hors du monde que la plupart. Ses rêves sont trop étranges, sa vie est trop différente pour qu’il puisse entrer dans le rang. Sa fragilité va poser un coin entre ses parents que la crise de la surpêche va finir d’enfoncer. L’enfant devenu adulte va quitter son terrible paradis pour découvrir l’enfer sur terre, ce monde où les énergies fossiles se répandent comme une lèpre immonde sur le visage de la Terre-mère, ce monde où  la violence des homo economicus se répand comme la peste sur le corps des femmes.

Un roman violent et fragile, un roman pur et terrifiant qui nous raconte notre monde par le biais de ceux que nous haïssons, les outcast, les hors norme, les différents.

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Mathias Enard – Boussole – Actes Sud

9782330053123Je me souviens de l’aventure Zone, de cette lecture en apnée, rythmée par la chanson saccadée du train. Je me souviens de ce délicieux moment de fiction historique où le séduisant Michelangelo tentait de construire le trait d’union entre orient et occident. Je me souviens que la prose de Mathias Enard est hypnotique, fascinante, érudite et légère, marquée par une mélancolie douce. Je me souviens à l’issue de la lecture de Boussole de cette sensation de flottement à nouveau, d’échappée du réel et je me souviens que j’adore cet auteur.

Boussole, un petit outil qui indique le nord, pour aider à se garder son cap quand on accepte de se perdre. Il parait que certains tapis de prière en sont dotés. Boussole un livre fleuve, un livre voyage, un livre musique, un livre humaniste pour garder son cap dans cette modernité décomplexée et accepter de se perdre dans un savoir lumineux, vaste et tellement bienveillant.

L’ouvrage ayant été salué par nos édiles du Goncourt, tout le monde connait l’Histoire: une nuit d’insomnie pour un musicologue allemand, une occasion de retrouver sa grande passion pour Sarah, partie se perdre dans l’Orient culturel, l’Orient du savoir, l’Orient de l’altérité réelle et magique. La longue nuit de Franz, nouvelle fantaisie sur le thème du voyage de Shéhérazade, nous offre surtout un merveilleux périple dans une érudition entre musique savante, Histoire de ce Moyen Orient si inconnu et pourtant si intimement lié à l’Histoire occidentale, promenade dans des paysages divers et réflexions tristes sur la perte irrémédiable d’une histoire humaine riche écrasée sous le poids des bombes et de la furia masculine.

Mais ce roman est surtout un cri du coeur, celui d’un homme, un orientaliste, qui voit s’effondrer toute la beauté qu’il a tenté de faire connaître malgré les réticences d’un Occident si peu apte à regarder la richesse des autres territoires, qui constate la réification de frontières physiques et mentales, et s’inquiète de la sécheresse des coeurs et des esprits qui gangrènent inexorablement nos échanges. Boussole brise les frontières, se glisse dans toutes les interstices pour ramener à la lumière les liens, les intimités, les sangs mêlés, le commun, pour redonner une chance à de nouvelles rencontres. Un cri d’humaniste et d’honnête homme qui réveille du tenace sommeil de plomb dans lequel nous semblons nous plonger avec de plus en plus de facilité.

Lisez, offrez, faites lire Boussole, faites vous la joie de ce voyage, de cette musique, de cette mélancolie et de cette envie de repartir vers l’est, vers le soleil levant, les déserts brûlants et les forêts impénétrables….

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Claro – Crash-Test – Actes Sud

J’ai adoré ce roman, j’ai détesté ce roman.

9782330053345Je l’ai adoré parce qu’il est passionnant, bien écrit, cruel et poétique. Ces histoires mêlées où un « crash testeur », un homme qui dans les années 70 est payé par une entreprise automobile, pour trouver des cadavres et les installer dans les habitacles des voitures pour tester l’interaction homme/machine lors des accidents. Avant que les ordinateurs et les mannequins de silicone bardés de capteurs ne fassent le travail, il a fallu utiliser les corps réels, d’hommes morts et de porcs endormis. Face à ce récit, celui de Gorge Profonde, la première actrice pornographique, fascinée par ces automobiles qui lui permettent de s’affranchir de la violence de son « producteur ».  Puis vient l’homme sexe, l’homme perdu dans une sexualité triste et veule, incapable de dépasser les diktats masculinistes où performance et haine/fascination pour le corps de la femme rendent impossible la rencontre réelle. Comme beaucoup d’autre il fait le choix de ces plaisirs tarifés, loin des corps. De papier ou de verre, le corps de la femme n’est plus qu’une machine destinée à faire se répandre le foutre entre des doigts trop serrés.

La violence est partout dans ce récit. Dans la terrible solitude, dans les choix professionnels et intime. Cette violence est intrinsèque à ces cultures capitalistes et machistes où l’homme et la femme sont essentialisés et violentés par des doxas passéistes.

Claro affronte avec un verbe haut, poétique et crû ces violences multiformes et nous offrent le langage pour affranchir nos tristes corps, leur rendre la liberté que tout individu devrait pouvoir revendiquer et ainsi réenchanter nos vies et nos rapports aux corps, le nôtre et celui des autres.

Pourquoi j’ai détesté alors? parce que le miroir que me tend ce roman, à titre personnel, me fait peur et me paralyse. Mais c’est à cela aussi que sert la littérature: bousculer nos peurs, nous les montrer sans fard…..

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Alberto Manguel – De la curiosité (trad. Christine Le Bœuf) – Actes Sud

http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/de-la-curiosite

COUV_CURIOSITE-191x300La curiosité, cette jolie muse qui nous souffle à l’oreille de toujours douter, toujours regarder, toujours observer, toujours zieuter le monde tel qu’il semble être, pour deviner ce qui se profile de l’autre côté du miroir. Une qualité qui demande d’avoir le cœur bien accroché et l’âme un peu élevée, pour ne pas rester au stade de la curiosité morbide qu’on a vu et qu’on voit encore sévir ces derniers jours….Une qualité qui fonde l’œuvre de l’écrivain argentin de naissance, universaliste dans l’esprit, Alberto Manguel. De la Folie, des Livres, des Bibliothèques, Borges, Stevenson, Dürer, et tant d’autres ont été interrogé, présenté, questionné, accueilli par ce merveilleux passeur de culture. Manguel, comme Eco nous ouvre les mondes et titille notre curiosité pour nous inciter à faire le voyage d’Alice, celui de Dante ou celui de tout être de bonne volonté, cette espoir de reconnaître dans l’autre, dans son langage, dans ses idées, une nouvelle étape au voyage humaniste.

Dans ce livre, c’est à la suite de Dante que l’auteur nous propose à voyager dans ses propres souvenirs, dans ses expériences, pour nous inviter à nous interroger sur notre propre voyage. A la suite de Dante et de Virgile voyageant dans les cercles de l’Enfer, du Purgatoire vers l’ultime porte accédant au Paradis, il profite de chaque étape de ce voyage du poète florentin pour se souvenir et à partir de ce souvenir, construire une réflexion sur le langage, l’art de questionner le réel et le « vrai », notre relation au mal, notre rapport à l’animal et notre rapport à notre environnement, notre place sur cette petite planète bleue. Le rappel également que notre mémoire de la beauté permet de sauver notre humanité comme il le rappelle dans ce passage bouleversant sur ces bribes de l’Odyssée dont se souvient Primo Levi à Auschwitz dans un moment d’échange avec Jean, déporté juif français.

 » La connaissance que recherchent les écrivains, affect et intellect combinés, gît dans la tension entre ce qu’ils perçoivent et ce qu’ils imaginent, et ce savoir fragile nous est transmis comme une tension de plus entre réalité et la réalité de la page. […] et nous avons la capacité de faire l’expérience du monde en posant des questions, en donnant la parole à notre curiosité, ainsi que le démontre la littérature. »

PS: Saviez vous qu’il est fort possible que des inspirations arabes se soient glissées dans la Divine Comédie? Il existe en effet un  poème, l’Epitre du Pardon, écrit au XIè siècle par le poète syrien Abû-l-Alâ’ al-Ma’arrî qui raconte sur un ton humoristique un voyage entre le paradis et l’enfer. Toujours bon de rappeler que notre bon Moyen Age a aimé passionnément la culture arabe et que cette culture arabe a été l’un de plus importants vecteurs de connaissances de nos influences grecques et latines…. La curiosité c’est toujours bon…

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Moïra Sauvage – Guerrière! à la recherche du sexe fort – Actes Sud

9782742797233Un essai stimulant publié en 2012 mais qui reste d’une troublante activité dans cette période de demande de parité et d’égalité salariale. Dans cette période où le viol atroce d’une jeune indienne a réveillé la société toute entière, dans ce temps où en Egypte les femmes se rebellent contre les attouchements et les atteintes sexuelles dont elles sont victimes chaque jour et enfin dans ce moment de notre histoire où nos femmes en armes parlent enfin de la culture du viol et de la pression sexuelle auxquels elles sont exposées au quotidien.

Moïra Sauvage signe un état des lieux entre espoir et détresse, entre courage phénoménal et lassitude fondamentale. Les femmes, sexe fort, ce n’est pas une nouveauté, ni une révolution, nous savons depuis longtemps que nous sommes le sexe fort, celui qui endure encore et toujours. Mais là, elle nous donne à découvrir le portrait de celles qui se sont affranchies des normes sociales et qui ont su défié les patriarcats nombreux et persistants partout sur la planète. Sportive de haut niveau et de combat, militaires, guerilleras, terroristes, les femmes portent les armes et se battent. Elles affirment ainsi que l’essentialisme cutlurel qui nous contient parfois encore dans le rôle de la chère amie tendre et accueillante pour l’homme et ses combats est un mythe qu’il est toujours nécessaire de dynamiter.

La violence, les femmes la subissent, nous ne le savons que trop, mais elles en sont aussi les actrices et depuis longtemps. L’histoire a son lot de femmes guerrières, mais curieusement cette violence reste incomprehensible pour beaucoup de commentateurs et « spécialistes ». Une chose demeure cependant, même quand elles sont actrices de la violence, elles restent victimes d’un système où les hommes les utilisent comme en témoignent les brimades que subissent les militaires, les guerilleras ou les filles des gangs. Elles semblent toujours se voir priver à un moment ou à un autre de leurs choix. Un autre exemple de ces abus est la manière dont les sportives de haut niveau sont moins bien traitées par les médias malgré leurs talents et leurs succès et bien sûr financièrement bien moins pourvues.

Un essai qui nous rappelle que les combats sont encore nombreux et qu’il faut toujours oser être féministes contre le machisme persistant, contre certaines femmes esclaves volontaires. Il faut oser être une femme dans toute sa complexité, et toujours la peur au ventre parce que la violence des mâles reste une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, même pour les plus aguerries, même pour les plus fortes. Nous sommes le sexe fort car nous endurons bien davantage, mais nous sommes sans doute nombreuses à espérer un jour n’être que des êtres humains traités avec respect par nos frères homo sapiens.

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Jaume Cabré – Confiteor (trad. Edmond Raillard) – Actes Sud

confiteor,M118831Il y a des familles où on sait qu’on ne devrait pas être né. C’est le constat que fait très vite Adria Ardevol, enfant unique d’un couple où le père veut le transformer en linguiste de génie tandis que la mère le veut violoniste virtuose. Dans le grand appartement barcelonais, la famille se dissout dans la recherche silencieuse du père et la froideur de la mère, sous le regard amoureux de la bonne. Adria lui tente de comprendre pourquoi ses parents l’aiment si peu, lui qui avec l’aide du shérif Carson et du chef arapaho Aigle Noir, se fraie un chemin discret dans les fantasmes de ses parents.

Ce récit d’un vie pourrait être la lente aventure de la vie d’un homme, mais par la magie du verbe et de la construction il se transforme en Histoire Humaine où se déploie l’insoluble question du Mal. Des violences inquisitoriales à l’Europe contemporaine en passant par la barbarie nazie et le franquisme, les multiples narrations dévident un même fil d’Ariane qui tisse une toile en ombre et lumières de la vie des hommes.  Ce qui eèrst fascinant c’est la manière dont Jaume Cabré embarque son lecteur attentif dans une narration où la marque du temps se brouille, où les personnages se mélangent pour dire la même essence humaine de la violence et du Mal.

D’une forêt au bois exceptionnel à l’appartement univers du savoir d’Adria Ardevol, le lecteur est invité à regarder se dérouler le destin de dizaines d’hommes et de femmes, unis un instant de hasard par la magie d’un violon d’exception ou par la conviction que leur foi vaut la mort de tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Dans ce maelstrom Adria découvre que son père, collectionneur passionné a su habilement profité des retournements de l’Histoire pour concevoir sa collection, que sa mère est une femme d’affaire redoutable, qu’il a une demi-soeur venue du fond d’un âge insondable et que le violon qui l’a tant fasciné est au coeur d’une longue histoire de malheurs et de violence.

Car au-delà d’un roman sur la vie d’un homme, Jaume Cabré construit une fresque abyssalle sur le Mal et son imprégnation dans l’Histoire des hommes. Il questionne avec Adria cette inconnaissable compagne de l’homme, hydre aux mille visages, combattue mais toujours renaissante, dans les prisons sinistres de l’Inquisition, dans la haine antisémite des nazis, dans la violence franquiste ou dans le nouvel extrémisme islamiste. Tous ces visages du Mal qui s’insinuent dans les cauchemars de l’humanité et prennent brutalement vie au détour d’un pays, d’un fleuve, d’une forêt ou d’une ruelle sombre. Malheureusement, à l’image du vieil Adria dont la formidable intelligence et le savoir encyclopédique sont asséchés par les attaques de la maladie d’Alzheimer, la mémoire de l’Homme finit toujours par oublier les terribles stigmates du Mal permettant ainsi à la bête immonde de resurgir au détour d’un place rouge du sang de l’Innocente.

Un roman bouleversant et magistral (quelle tradution!)

Cormac McCarthy – De si jolis chevaux (trad. F.Hirsch & P.Schaeffer) – Actes Sud

9782742733767Roman des grands espaces, de la solitude et d’un cowboy en ultime avatar du chevalier sans peur et sans reproche, la fresque que livre l’écrivain américain ne cache rien de cette masculinité fragile dans des espaces encore ensauvagés et livrés à l’arbitraire. De si jolis chevaux commencent comme une aventure à la Deux ans de vacances pour devenir rapidement un roman d’aventure sombre où l’amour, l’honneur et le sang tranchent sur les espaces désertiques du sud Texas et du Nord Mexique. De chaque côté de la frontière des hommes tentent de survivre dans un climat partagé entre suspicion et entraide.

John Grady et Lacey Rawling sont deux ados en rupture de ban. Ils décident de laisser derrière eux le confort de petites maisons texanes pour se lancer sur les routes d’un exil volontaire afin de répondre à l’appel de leur passion pour les chevaux. Rapidement ils sont rejoint par un troisième larron, Jimmy Blevins, étrange gamin écorché vif, mais attaché comme un forcené à son  cheval. Les trois garçons vivent de petits boulots donnés ici ou là dans les fermes et villages croisés sur la route. Dans un Mexique terrassé par la chaleur, ils avancent au trot léger de leurs montures.

Rapidement cependant le jeune Blevins semble destiné à s’attirer de lourds ennuis et par une nuit de tonnerre, le voyage de nos jeunes texans tournent au franc cauchemar. Grady et Rawling pensent avoir semé leurs poursuivants en se réfugiant dans une hacienda où l’on rassemble les chevaux sauvages. Là, Grady peut se livrer pleinement à sa passion pour l’élevage et le dressage sous le regard de plus en plus appréciateur des rancheros et du propriétaire.

Pourtant le destin de ces deux garçons semblent désormais liés au terrible hasard et ils finissent dans les geôles infernales d’un arrière pays écrasé de chaleur et de violence.

Premier tome de la trilogie des confins dans lequel l’auteur narre l’impossibilité pour les aventuriers de s’affranchir de la violence de sociétés où l’homme est d’abord une machine de destruction massive régissant les chevaux, les femmes et les hommes avec la même brutalité. L’honneur sert de cache-sexe à ce goût de la violence. Mais il montre aussi qu’on peut parfois, pendant quelques instants, entrer en résonnance avec le monde alentour. Un cheval, un amour, un ami, autant d’instants précieux qui peuplent la longue marche vers le « monde à venir ». Un roman magnifique et tragique où le pas des chevaux résonnent dans le coeur de chaque gentilhomme de fortune.

Raphaël Jersusalmy – La confrérie des chasseurs de livres – Actes Sud

Sur le site de l’éditeur

Unité de temps, vingt-quatre heures dans la vie d’une femme. Unité de lieu, la banlieue chic et fermée autour de son petit lac ombragé de saules délicats. Unité d’action, la tragédie du quotidien.

41391oVRssL__SY300_Je ne sais pas quoi dire de ce livre qui était assez exceptionnel sur le papier et dans la voix de son auteur sur le plateau du La Grande Librairie. Un polar entre histoire et métaphysique avec le poète brigand, François Villon dans le rôle de l’étrange héros. Mais au final ce roman est une déclinaison de la série BD, Le Triangle Secret, qui ne laisse pas beaucoup de traces dans la mémoire.

Louis XI, roi de France, en délicatesse avec ses grands féodaux, mais décidé à mettre au pas cette noblesse brouillonne pour la gloire du royaume. Pour cela, il faut non seulement battre les princes mais également jeter le gant à la face d’une Papauté trop éprise de contrôle sur les terres latines. Dans ce combat maintes fois mené par les rois de France, Louis XI comprend qu’il bénéficie d’une nouvelle alliée, une nouvelle technique, l’imprimerie qui permet de répandre vite et largement des textes aussi divers que variés. Cela permet aux idées nouvelles de voyager et de se cacher sous le manteau d’esprits libéraux.

Ce danger, Paul II commence à en prendre la mesure. Dans les pays du nord, l’orthodoxie catholique est remise en cause par les tenants d’une liturgie épurée, d’un entretien direct avec dieu, d’une mise au ban d’une Eglise trop riche, trop imbue d’elle-même, trop loin du ciel, trop près de la fange.

D’autres, loin à l’est, ont compris l’intérêt de cette technique nouvelle. Des hommes habitués à étudier toujours pour conserver la mémoire et qui voit dans l’imprimerie l’occasion de préserver des textes trop souvent jetés au bûcher lors des grands massacres qui s’organisent régulièrement pour purger la chrétienté des juifs.

Entre tous ces intérêts, François Villon et son compagnon Collin, maîtres brigands, poète et gros bras, libres penseurs et mauvais sujets vont devoir naviguer avec art afin de répandre la parole d’un crucifié enfin rendu à son humanité. Des geôles parisiennes aux grottes de Kumran, l’auteur balade ses personnages dans une Renaissance entre guerre civile et prémices des guerres de religion. Nulle beauté ici, car si les Médicis sont bien des princes de l’esprit nouveau, ils n’ont guère le temps de se pencher sur les splendeurs florentines, trop occupés à se protéger des menées de leur ennemi caché dans son palais du Vatican.

Le roman n’est pas désagréable, mais il manque de souffle et surtout il a été précédé de beaucoup d’autres histoires autour de cet étrange moment de la Renaissance où l’esprit enfin incarné dans le velin pouvait répandre ses premières lumières.