Jubilatoire et désopilant, une pure merveille d’humour et de dérision dans un monde où l’absurde semble être la norme.
« Ma mère est formidable », on voudrait tous pouvoir clamer cette phrase qui dit à la fois tout l’amour et la tendresse mais aussi cette distance nécessaire qui permet d’aimer encore ses parents une fois découvertes leurs insondables faiblesses. Dans cet exercice d’intime dévoilé, Guillaume Gallienne nous parle d’une famille bourgeoise, où le troisième enfant n’a pas été à la hauteur des espérance. Fille espérée, mais garçon accouché, il faut pour une mère terrasser sa déception et une vague colère. Etre belle et brillante dans un univers d’hommes pas tout à fait dégrossi, cet ultime avatar est un défi de trop. Alors on joue avec les apparences, on fait garçon-fille en voyant si la bouture prend. Et elle prend, mieux qu’on ne l’imaginait.
Le jeu avec l’enfant devient à l’adolescence une étrange complicité qui dérange le père et les frères, les tantes et la grand-mère. Tout cela est allé trop loin et ce pauvre Guillaume a basculé dans l’autre monde, celui des garçons qui aiment les garçons.
Persuadé pendant toute son adolescence de cet état de fait, le jeune homme raconte ses espoirs et ses désillusions avec un grâce merveilleuse. L’humour même parfois un peu leste est ici l’apanage d’un prince. On rit avec lui de ses errances, on est touché par ses errances et ses craintes. Faire rire avec ce qui aurait pu être un drame, c’est tout le talent et quel talent de ce grand monsieur du théatre et des lettres français. Tout est élégant dans ce film, tout est réussi, délicat et incisif. Du très grand cinéma et la révélation sur écran de ce que les auditeurs de France Inter expérimentent avec bonheur chaque samedi à 18h.
Non, décidément écouter et voir Guillaume Gallienne « ça ne peut pas faire de mal »….