Siri hustvedt – Plaidoyer pour Eros – Actes Sud

Je lis les romans de Siri Hustvedt et pourtant je suis à chaque fois légèrement déçue. La lecture de ses romans est hustvedtagréable, sa prose fine et délicate, mais je la trouve lisse, un peu fade. Avec Plaidoyer pour Eros, l’écrivain quitte le roman pour la chronique. Littéraire, humaniste, souvenirs d’enfance, regard sur le monde, les douze chroniques rassemblées dans ce recueil, publié par la toujours excellente maison Actes Sud et toujours très bien traduites par Christine Le Bœuf sont brillantes, drôles, inspirées, humanistes, mais manquent toujours cruellement de puissance. Cependant, le lecteur ne peut qu’être séduit par le charme discret et l’intelligence fine de cette belle dame des lettres américaine.

Partant de son enfance, de ses souvenirs, Siri Hustvedt interroge l’écriture, son rapport à la fiction, sa relation avec sa ville d’adoption New York et avec ses origines nordiques, son rapport à la maternité ou encore la vie avec le séduisant Paul (Auster). Les chroniques de ce recueil ont été écrites entre 1996 et 2005. Elles parlent autant personnel que d’impersonnel, croisant ainsi le regard si particulier de l’auteur des Bostoniennes, sujet d’une des chroniques de Siri Hustvedt. Qu’elle s’arrête sur les livres qui ont accompagné sa formation, ou sur des moments de sa vie, elle dresse un portrait en creux d’une femme de lettres passionnée, dévorée par la muse de la création littéraire.

Mais si toutes ces chroniques sont brillantes et remarquablement écrites, si le lecteur se laisse séduire par ce yonder où se retrouvent les gens de lettres, Siri Hustvedt ne parvient jamais à séduire vraiment. Elle plait, sa prose est délicate, son regard sur les grandes figures des lettres anglo saxonnes est précis et agréable, son texte sur le premier anniversaire du 11 septembre est emprunt d’une peine et d’une mélancolie profonde, tout comme ses analyses sur l’enfance ou les moments de quasi abandon lorsqu’elle parle de son art, mais rien ne demeure après lecture. Même la chronique qui donne son titre au recueil et qui est une analyse brillante de la séduction, des préjugés et de la complexité du désir manque singulièrement de piquant.

Siri Hustvedt est un écrivain que je voudrais vraiment aimé, mais je ne parviens pas à trouver l’aspérité qui me permettrait de ressentir ses textes. C’est un auteur agréable, mais sans relief. Un texte qu’on lira sans déplaisir mais qui ne laissera malheureusement que peu de traces.

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