Michel Onfray – L’apiculteur et les indiens, la peinture de Gerard garouste – Galilée

Michel Onfray aime l’art contemporain, il aime les artistes engagés et les hommes de goût. Il ne pouvait donc qu’apprécier l’artiste Gérard Garouste, artiste contemporain, dont l’œuvre mondialement reconnue s’est exposée récemment au Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition traces du sacré. L’artiste est également un honnête homme, pour qui la culture et l’art n’appartiennent ni aux collectionneurs qui l’adorent, ni aux esthètes qui ne l’adorent pas moins.  En 1991, il crée, un centre, La Source, qui a pour vocation de faire découvrir les arts aux jeunes défavorisés et de leur faire ainsi prendre conscience que l’art s’adresse à tous. Michel Onfray, à sa manière, rend hommage à un homme engagé, artiste brillant et ouvert sur toutes les formes de créations.

C’est peut être pour ne pas laisser l’artiste aux mains des conservateurs, qui ces temps-ci semblent avoir développé un sens aigu de la récupération, que Michel Onfray semble avoir initié ce livre. Garouste est pour lui, trop brillant, trop fascinant pour être laissé dans les rêts d’une pensée de la soumission aux ors du passé. Fasciné par Duchamp, Garouste a développé sa propre touche, qui ne consiste pas contrairement à ce que les penseurs réactionnaires analysent, à un retour au figuralisme, mis à mal par Duchamp et ses successeurs. Pour lui, la démarche picturale de Garouste  s’inscrit dans une volonté de révéler un sombre passé, et de faire de l’art le panthéon de l’exécution du père.

Prenant comme point de départ le passé sulfureux d’un père antisémite et profiteur, Onfray présente quatorze œuvres de Garouste réalisées pour la plupart en 2007. Ces œuvres mettent en scène des corps destructurés, morcelés, fragmentés, des œuvres apparemment très cryptiques. Mais Garouste aime les mots autant que la peinture, et il ne manque pas de laisser de longues explications de ses œuvres. Ainsi toute la série qui dénonce le crime du père, est très clairement explicitée. Garouste réalise ainsi une auto analyse picturale, mettant en scène le crime primordial et sa propre psyché profondément affectée par ce secret de famille.

Michel Onfray prouve à travers ce portrait outre son goût pour l’art contemporain, son sens certain de l’analyse et son respect pour tous ceux qui savent se mettre en danger dans leurs œuvres pour se reconstruire loin du sentimentalisme exhibitionniste en vogue dans nos sociétés si modernes. Garouste ne revient pas en arrière, il use de toutes les formes pour construire une œuvre sensible pour dire la douleur, la difficile confrontation aux crimes, la volonté de dénoncer les crimes, tout en n’abandonnant jamais l’héritage antique et biblique, unis dans une mythologie humaniste.