Elif Shafak – Soufi mon amour – Phébus

Je ne sais pas la part de ce qu’on projette dans un livre et de ce qui effectivement dans le récit de l’écrivain correspond vraiment à notre situation du moment, ce que je sais c’est que les deux livres que j’ai lu de cette magnifique auteure  turque ont fait mouche. Peut être l’éducation cosmopolite d’Elif Shafak y est elle pour beaucoup, le constat de nos expériences communes sous toutes les latitudes. Dans ce nouveau roman traduit en France, l’auteure nous invite à suivre en parallèle une expérience de lectrice et l’histoire d’un homme de foi, de sa rencontre avec un derviche errant, de leur amour, et de son entrée en poésie. Entre ces deux vies, huit siècles et un continent, une civilisation dirait certain. Mais à la différence de quelques penseurs en manque de profondeur, Elif Shafak nous invite à ne regarder que l’amour qui unit les hommes et à constater qu’il est universel.

Ella a quarante ans, un mari aimant et trois enfants. Ella est une femme de la bourgeoisie américaine aisée, une femme qui n’a pas besoin de travailler et qui aime cuisiner pour sa gentille famille, une femme bien sous tous rapports. Ella a des idées précises sur la manière dont les choses doivent se faire et dont les vies doivent se dérouler. Du jour au lendemain cependant, la lecture d’un roman sur la relation entre un homme de foi et d’un derviche errant va la bouleverser. Elle va partir à la rencontre de l’auteur, un homme dont elle ne sait rien d’autre que le fait qu’il voyage beaucoup et poste sur internet de magnifiques photos de voyages et quelques commentaires. Bouleversée par la force d’un amour qui parait si loin d’elle dans le temps et l’espace, elle va se laisser baigner par la voix et les enseignements de ce mystérieux derviche. Un homme rare qui refuse les honneurs et la soumission qui va avec, qui prône le respect de l’humain et non celui du dogme. Un homme qui ne peut être qu’un ennemi pour toutes les hiérarchies et pour tous les esprits étroits.

Le derviche s’appelle Shams de Tabriz, l’homme de foi, Rûmi. Leur rencontre scelle  leur destinée, leur amour les mènera à leur perte, Shams sera assassiné par des intégristes et Rûmi donnera à son désespoir les ailes de la poésie. Leur histoire appartient à la tradition de ceux qui refusent la suggestion aux ordres établis, religieux ou politiques, aux habitudes et aux règles. Le derviche et ses quarante règles ne parlent que d’humanité, le poète ne parlera que d’amour, des sujets hautement dangereux pour tous les dogmatiques ici ou ailleurs. La révélation de ce courage et des sacrifices qui les accompagnent révélera Ella à elle-même et l’incitera à comprendre que la seule chose qui vaille c’est d’aimer, une fois au moins, totalement, sans condition et sans égoïsme. L’amour le plus rare celui qui n’asservit jamais et ne cherche jamais à avoir raison de l’autre.

Un roman magnifique et magnifié par les  quarante règles de Shams qui aujourd’hui encore sonnent comme des invitations à vivre plus qu’à des lois gravées dans la pierre. Un roman de l’amour libérateur et sans concession pour les diktats sociaux. Un roman où le passé et le présent s’entrecroisent et ouvrent de nouveaux chemins. A quoi sert la littérature ? à ouvrir de nouvelles voies…

Une réflexion sur “Elif Shafak – Soufi mon amour – Phébus

  1. Bonjour,

    Description : Mon Blog, présente le développement mathématique de la conscience c’est-à-dire la présentation de la théorie du Fermaton.La liste des questions mathématiques les plus importantes pour le siècle à venir, le No-18 sur la liste de Smale est; Quelles sont les limites de l’intelligence tant qu’humaine et artificielle.

    (fermaton.over-blog.com)

    Cordialement

    Clovis Simard

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