Ron Carlson (traduction Sophie Aslanides) – Le Signal – Gallmeister

Cette maison d’édition est décidément l’une des plus passionnante, chaque livre publié étant un petit bijou, une pépite qui allie des styles merveilleusement épurés, classiques, simples mais brillants et des histoires, des personnages  intelligents, fouillés, nuancés. La nature, les grands espaces américains, des lieux à la fois préservés dans leur beauté et minés par la présence de cette engeance terriblement destructrice : l’homme. Ron Carlson écrit une ode au grandiose équilibre des montagnes du Wyoming, une lettre d’adieu à un mariage brisé et un polar dont le suspense ne se dément jamais. On est certes loin des enquêtes à la Ellroy dans la ténébreuses L.A., plutôt dans ces histoires humaines désespérément simples et qui par une succession de mauvais pas sombrent un jour dans la chaos.

Mack avait un ranch, une vie tranquille avec son père. Ils accueillaient des gens venus de l’Est, de touristes venus profiter quelques jours de la beauté minérale des grandes espaces du Wyoming et d’un ersatz de vie à la dure. Les règles étaient claires, accueil et respect, pas d’amourettes avec les clients fascinés par ces derniers représentants de cow-boys.  Mais Mack est tombé amoureux. D’une jeune fille de bonne famille, étudiante en musique, cultivée et gaie, passionnée par ces faune et cette flore, une jeune fille capable de s’enticher d’un ours. La mort de son père provoque la première rupture dans son univers. Une faille qui ne cessera de grandir dans le cœur de ce garçon trop solide en apparence. Malgré tous ses efforts pour garder le ranch et la tête hors de l’eau. Les temps sont durs pour les cows boys et le grand dieu consumériste leur est définitivement hostile.

Mack épouse Vonnie pourtant, leur histoire aurait dû le sauver, elle ne fera qu’enrayer sa chute quelques temps, si peu de temps. De mauvais coups en mauvais calculs, Mack voit ses rêves s’effondrer au rythme de ses finances. Il se lance dans des affaires douteuses qui l’enfoncent encore davantage. Malgré l’amour qu’ils se portent Vonnie et Mack se séparent, Vonnie ne pouvant supporter le menteur dévalorisant sa propre vie et sa propre conscience. Après un énième incident, Mack propose à Vonnie une ultime randonnée, celle de leurs adieux, adieux à leur mariage, adieu à leurs souvenirs d’adolescence. La passion des grands espaces poussent la jeune femme à accepter.

Ron Carlson nous emmène à la suite de ses deux héros sur le chemin de leurs souvenirs, de leurs espoirs, de leurs rêves brisés. Commencé par une promenade et une partie de pêche où les truites chatoient dans les eaux glacées et transparentes des torrents de montagnes, le livre prend inexorablement le chemin tordu du polar, Mack s’étant lancé dans une ultime chasse aux trésors qui révèlera surtout son incapacité à comprendre les ombres au cœur des hommes. Une enquête menée tambour battant mais que notre fine mouche laisse pourtant légèrement en suspens, comme pour inviter son lecteur à prendre lui-même la route. Une grande réussite.

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